Les jeux télévisés, ces émissions ludiques qui animent nos soirées depuis des décennies, cachent une réalité financière peu reluisante. Derrière le divertissement bon enfant se nichent des stratégies commerciales visant à maximiser les profits des chaînes, quitte à flouer les téléspectateurs. Explications.

Des recettes faramineuses grâce aux SMS surtaxés

Qui n’a jamais rêvé, blotti dans son canapé, de remporter le pactole en répondant juste à une question idiote dans son jeu télévisé préféré ? Un simple SMS et le tour est joué. Sauf que dans les faits, rares sont les veinards qui voient leur vie changer après avoir envoyé ce message surtaxé à 2,99€.

Car derrière le vernis sympathique des animateurs et le suspense insoutenable lors du tirage au sort se cache une effroyable machine à cash. En incitant les téléspectateurs à tenter leur chance par SMS, les chaînes de télévision empochent des dizaines de millions d’euros chaque année.

Pire, elles usent de techniques marketing déloyales pour pousser le public à cliquer frénétiquement sur le bouton « envoyer ». Questions ultra-faciles, promesses de gains faramineux, multiplication des possibilités de gains… Tous les coups sont permis pour maximiser les revenus!

Bref, non contents de se faire des couilles en or sur le dos des gens, les diffuseurs prennent leurs téléspectateurs pour des pigeons!

Privatisation des chaînes et montée de la call TV

Pour comprendre comment on en est arrivé à cette situation, il faut remonter aux années 80. À cette époque, sous l’impulsion du ministre de la Communication François Léotard, les chaînes de télévision passent progressivement du public au privé. Exit la mission de service public, bonjour la course effrénée à l’audimat et aux recettes publicitaires!

Or les jeux télévisés, ces divertissements bon marché à produire, constituent un filon idéal pour générer des revenus. Surtout lorsqu’on y intègre la fameuse call TV, soit la possibilité pour les téléspectateurs de participer par téléphone ou SMS.

La société néerlandaise Endemol a joué un rôle de pionnière dans l’exploitation de la call TV en France.

Moyennant 75 centimes et 2,99€ par message, les chaînes récoltent ainsi des fortunes colossales sur le dos des candidats. Sans prendre aucun risque, puisque les lots offerts aux gagnants sont financés… par les SMS des losers! Situation win-win pour les diffuseurs.

Des revenus faramineux, mais gardés secrets

Bien évidemment, les montants engrangés par les SMS surtaxés demeurent un secret bien gardé. Selon une enquête du Parisien, les chaînes auraient tout de même encaissé 50 millions d’euros de « taxe SMS ». De son côté, VSD évalue à 600 000€ les recettes d’une seule soirée Miss France!

On est donc sur des revenus absolument colossaux, des dizaines de millions d’euros chaque année. De quoi motiver les chaînes à perfectionner toujours plus leurs techniques marketing…

Des stratégies retorses pour pousser à l’envoi de SMS

Car oui, profitant de leur position dominante, les diffuseurs rivalisent d’imagination pour extorquer un maximum de SMS à leurs téléspectateurs. Questions idiotes, appels répétés à l’envoi, promesses alléchantes… Tous les coups tordus sont permis!

Piocher dans le vivier des jeux à succès anglo-saxons

Pour garantir des revenus, les producteurs français préfèrent miser sur des valeurs sûres, à savoir des formats de jeux déjà rodés à l’étranger. Quitte à les adapter à la sauce française. Une stratégie risquophobe qui permet de surfer sur des recettes éprouvées.

Poser des questions ultra-faciles

Évidemment, plus les questions sont simples, plus les gens sont tentés d’y répondre par SMS. Même avec des connaissances limitées, on se dit qu’on a quand même ses chances. Résultat : les questions posées frôlent souvent le degré zéro de l’idiotie !

Multiplier les sollicitations d’envoi

Autre grand classique : la multiplication des appels à l’envoi de SMS pour maximiser les chances. Une première réponse qui appelle une confirmation, puis une 3ème tentative « pour multiplier vos chances de gain », etc. Les présentateurs insistent lourdement pour pousser à la consommation.

Jouer sur le rêve et les émotions

Enfin, dernier ressort : l’appel aux émotions et à la possibilité de changer de vie. Les animateurs insistent sur les gains mirifiques, la facilité de gagner, ce que la victoire changerait dans votre existence… Bref, ils jouent sans vergogne sur les fantasmes des gens pour les pousser à tenter leur (maigre) chance.

Mais on peut se faire rembourser !

Heureusement, une porte de sortie existe pour les téléspectateurs floués par les SMS surtaxés : le remboursement. Même si les chaînes se gardent bien d’en faire la publicité, cette possibilité est prévue dans les règlements des jeux. En réclamant une facture détaillée à votre opérateur, vous pouvez donc vous faire rembourser vos messages surtaxés.

C’est maigre, fastidieux, mais ça permet de faire payer les diffuseurs pour leurs méthodes déloyales. À bon entendeur !

L’addiction aux jeux, un danger bien réel

Au-delà de leur dimension financière contestable, les jeux télévisés soulèvent également la question des risques d’addiction. Car certains téléspectateurs finissent par développer une véritable dépendance qui peut mener à la ruine.

Des facteurs de risques identifiés

Plusieurs études scientifiques se sont penchées sur ce sujet, identifiant certains facteurs favorisant le passage à l’addiction :

  • Une personnalité impulsive, en quête de sensations fortes
  • Des vulnérabilités psychologiques (manque de confiance en soi, isolement social…)
  • La valorisation de l’argent comme source de reconnaissance sociale
  • Des conditions de vie difficiles générant frustration et besoin d’évasion

Chez les sujets présentant ces facteurs de risque, l’exposition intensive aux jeux télévisés et à leurs promesses de gain facile peut créer un cercle vicieux conduisant à l’addiction.

Un mécanisme biochimique similaire aux drogues dures

Au niveau cérébral, le processus addictif repose sur le circuit de la récompense et la sécrétion de dopamine. Concrètement, plus on joue, plus on stimule la production de ce neurotransmetteur procurant une sensation de bien-être. Exactement comme avec des substanges addictives!

Le cerveau des accros aux jeux réagit comme celui des toxicomanes en manque.

Résultat : en s’habituant à ces shots de dopamine, le cerveau en redemande. D’où des symptômes de manque physiques et psychologiques en cas de sevrage, pouvant aller jusqu’à la dépression. Le corps et l’esprit deviennent littéralement dépendants des jeux.

Une spirale infernale difficile à stopper

Prisonniers de ce cercle vicieux, les accros s’enfoncent alors dans une spirale auto-destructrice. Ils dépensent des sommes folles dans les SMS surtaxés, vidant leur compte en banque et s’endettant parfois dramatiquement. Incapables d’arrêter malgré les conséquences désastreuses dans leur vie.

Certains téléspectateurs ont dilapidé jusqu’à 30 000€ dans les jeux télévisés!

Entre déprimes, mensonges à leurs proches et tentatives désespérées de se refaire au jeu, leur existence vire au calvaire. Mais impossible de lâcher prise tellement le manque et l’attirance restent intenses…

Un accompagnement psychologique essentiel

Se sortir seul d’une telle dépendance relève donc de l’exploit tant les mécanismes en jeu sont puissants. D’où l’importance cruciale d’un suivi psychologique pour :

  • Comprendre les causes profondes de l’addiction
  • Trouver d’autres sources de bien-être que le jeu
  • Se réconcilier avec soi-même

Grâce à une prise en charge adaptée et beaucoup de courage, il est possible de se libérer de cette emprise et de retrouver le goût de vivre. Même après des années de dérive incontrôlable. Il existe toujours une porte de sortie!

Vers une régulation politique des jeux télévisés?

Compte tenu des dérives, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer un meilleur encadrement politique des jeux télévisés. Tour d’horizon des revendications.

Interdire les appels à envoi de SMS en cours d’émission

La principale demande porte sur l’interdiction pour les présentateurs d’inciter directement à l’envoi de SMS. Une pratique commerciale agressive visant à forcer la main des téléspectateurs. Son abolition permettrait de réduire l’emprise psychologique des jeux.

Fixer des plafonds de gains et de participation

Autre piste : instaurer des limites strictes aux gains proposés et au nombre de participations autorisées. Cela contribuerait là aussi à juguler des dérives vers l’addiction.

Taxer les revenus des SMS surtaxés

Face aux fortunes engrangées sur le dos des candidats, certains réclament enfin un rééquilibrage via une taxe exceptionnelle sur ces fameux SMS. Une manière de moraliser le système et de redistribuer les richesses.

Quelles chances de succès pour la régulation ?

Reste à voir si ces demandes seront entendues par le gouvernement et les chaînes. Car les lobbys médiatiques risquent de monter au créneau pour défendre le statu quo. Affaire à suivre donc… Mais la pression populaire finira peut-être par payer!

Conclusion

En définitive, derrière le vernis familial des jeux télévisés se cachent des pratiques commerciales pour le moins discutables : captation abusive de recettes via les SMS surtaxés, incitations harcelantes aux dons, mécanismes addictifs sans garde-fou

Un système habilement rodé qui abuse de la crédulité des gens pour engranger des maximum de profits. Au mépris de toute éthique !

Espérons que la prise de conscience et la mobilisation citoyenne finiront pas mettre un terme à ces excès. Car personne ne devrait s’enrichir ainsi sur la misère et les faiblesses humaines. Ce serait la moindre des décences.

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