Depuis son élection en 2017, Emmanuel Macron fascine autant qu’il intrigue. D’où vient ce jeune président brillant qui a bousculé le paysage politique français ? Pour mieux comprendre qui est vraiment Emmanuel Macron, plongeons-nous dans son histoire familiale et ses origines.

🔍 Emmanuel Macron : retour sur les racines du président de la République

Une enfance picarde dans une famille de médecins

Emmanuel Jean-Michel Frédéric Macron naît le 21 décembre 1977 à Amiens, dans la Somme. Il grandit dans une famille aisée de médecins. Son père, Jean-Michel Macron, est professeur de neurologie au CHU d’Amiens et sa mère, Françoise Noguès, est médecin-conseil à la sécurité sociale.

Emmanuel est l’aîné d’une fratrie de 3 enfants, avec un frère cadet, Laurent (radiologue) et une sœur, Estelle (néphrologue). C’est une famille de la bourgeoisie amiénoise, vivant dans le quartier huppé de Henriville.

Il est très proche de sa grand-mère maternelle, Germaine Noguès, qui a été professeur de lettres puis directrice d’école. Issue d’un milieu modeste, elle s’est élevée socialement grâce à l’école de la République, ce qui marquera beaucoup le jeune Emmanuel.

Une scolarité brillante chez les jésuites

De la 6ème à la 1ère, Emmanuel Macron est scolarisé à la Providence, un établissement privé catholique réputé d’Amiens tenu par les jésuites. Elève brillant, il obtient son bac scientifique avec la mention très bien en 1995.

Il termine sa scolarité en classes préparatoires littéraires au prestigieux lycée Henri IV à Paris. Il échoue 2 fois au concours de Normale Sup malgré son excellent niveau.

Il intègre finalement Sciences Po Paris en 1998, d’abord en section internationale puis en master « Service Public ». En parallèle, il suit des cours de philosophie à l’université de Nanterre. Il décroche son diplôme de Sciences Po en 2001, puis un DEA de philosophie avec un mémoire sur Machiavel.

Une rencontre décisive à Amiens

C’est à Amiens, au lycée La Providence, qu’Emmanuel Macron rencontre celle qui deviendra son épouse : Brigitte Trogneux, une professeure de français de 24 ans son aînée.

Alors qu’il n’a que 15 ans, il tombe sous le charme de cette femme mariée et mère de 3 enfants lors d’un atelier théâtre. Une histoire d’amour improbable qui défraie la chronique.

Ses parents tentent de l’éloigner de Brigitte en l’envoyant terminer sa scolarité à Paris. Mais rien n’y fait. À 17 ans, Emmanuel promet à Brigitte de l’épouser. Ils finiront par se marier en 2007, après le divorce de Brigitte avec André-Louis Auzière.

Une belle histoire d’amour qui a forgé le caractère et la détermination du jeune Emmanuel. Comme il le confie dans son livre « Révolution » : « De cet amour, j’ai acquis une confiance en moi, une volonté d’avoir raison envers et contre tout. »

Des racines dans tout l’Hexagone

Si Emmanuel Macron a grandi à Amiens, ses racines familiales s’étendent sur une bonne partie de la France, du nord au sud. Un beau melting-pot à l’image de la diversité française.

Du côté de son père, la famille Macron est originaire du petit village d’Authie dans la Somme depuis des générations. Une famille de paysans et d’artisans, avec quelques incartades en Picardie ou dans l’Aisne.

Sur plusieurs générations, on retrouve des ancêtres exerçant diverses professions : laboureurs, cloutiers, charpentiers, tisserands… Reflet d’une France rurale et laborieuse.

Sa grand-mère paternelle, Jacqueline Robertson, apporte une touche anglo-saxonne. Son père George, un boucher anglais, s’est installé en France après avoir combattu dans la Somme pendant la 1ère Guerre Mondiale.

Côté maternel, les origines d’Emmanuel Macron sont plus méridionales, principalement dans les Hautes-Pyrénées autour de Bagnères-de-Bigorre (d’où est originaire sa grand-mère Germaine Noguès), mais aussi dans l’Hérault et l’Aveyron, dans la région de Pézenas.

Cette France du sud profond et rural, c’est celle de paysans modestes, de cultivateurs, de bergers, dans des villages de quelques âmes au cœur des montagnes. On trouve aussi quelques artisans : tisserands, maçons, forgerons…

👨‍🎓 Un parcours d’excellence de Normale Sup à l’ENA

Après des études secondaires brillantes, Emmanuel Macron tente à deux reprises le prestigieux concours de Normale Sup, sans succès. Un premier échec qui ne le décourage pas.

Il intègre l’IEP de Paris (Sciences Po) en 1998, où il obtient son diplôme en 2001, après un parcours sans faute. Il complète sa formation avec un DEA de philosophie à Nanterre.

Son appétence pour la philosophie se nourrit de sa rencontre avec Paul Ricoeur, dont il sera l’assistant éditorial entre 1999 et 2001. Une expérience intellectuelle fondatrice.

La consécration de ce parcours d’excellence, ce sera son entrée à l’ENA en 2002, élément incontournable pour accéder aux plus hautes fonctions de l’État. Il intègre la promotion Léopold Sédar Senghor (clin d’œil à son amour des lettres) dont il sort 5ème en 2004.

Durant sa scolarité à l’ENA, il effectue des stages au Nigeria et à la préfecture de l’Oise qui le sensibiliseront aux enjeux de la haute fonction publique.

Un inspecteur des finances très convoité

Sorti dans la « botte » de l’ENA, le jeune Emmanuel intègre le prestigieux corps de l’Inspection Générale des Finances en 2004. Un choix conforme à son profil de haut fonctionnaire technocrate.

Durant 4 ans, il évolue au sein de cette institution, d’abord comme inspecteur adjoint, puis inspecteur des finances en 2005. Son mentor est Jean-Pierre Jouyet, alors directeur de l’IGF et futur secrétaire général de l’Elysée.

Il participe à plusieurs missions sur des sujets aussi variés que la fraude fiscale, la répartition des richesses entre générations ou la valorisation de la recherche.

Le jeune inspecteur est très courtisé. En 2006, la patronne du Medef Laurence Parisot lui propose de devenir directeur général de l’organisation, ce qu’il décline. Il refuse également en 2007 un poste à Bercy au cabinet du ministre Éric Woerth.

Un passage remarqué par la commission Attali

Un moment clé dans le parcours d’Emmanuel Macron sera sa participation à la commission pour la libération de la croissance présidée par Jacques Attali en 2007-2008.

Nommé rapporteur adjoint de la commission en août 2007, il en devient membre à part entière en 2010. Une expérience qui le sensibilise aux enjeux économiques et où il côtoie le gratin des décideurs.

C’est là qu’il rencontre notamment Peter Brabeck, PDG de Nestlé, un contact qui lui servira plus tard chez Rothschild pour le rachat d’une filiale de Pfizer par Nestlé. La commission Attali, un formidable tremplin relationnel pour le jeune inspecteur des finances.

🏦 De la finance à la politique : les années Rothschild

En 2008, nouveau tournant pour Emmanuel Macron. Après 4 ans dans la fonction publique, il quitte l’IGF pour le privé. Direction la banque d’affaires Rothschild & Co.

Une ascension éclair chez Rothschild

A 30 ans à peine, Emmanuel Macron est recruté par Rothschild grâce à la recommandation de son réseau (Jacques Attali, Serge Weinberg, Xavier Fontanet…). Un pied dans la finance qui va booster sa carrière.

Son ascension est fulgurante. Embauché comme simple directeur, il devient associé-gérant de la banque dès décembre 2010. Ses collègues louent son talent et le surnomment « le Mozart de la finance ».

Chez Rothschild, Emmanuel Macron travaille sur des dossiers stratégiques comme la recapitalisation du Monde, le rachat par Atos de Siemens IT Solutions and Services, ou encore celui par Nestlé d’une filiale de Pfizer.

C’est cette dernière opération, à plus de 9 milliards d’euros, qui lui permet de devenir millionnaire à 33 ans. Entre 2009 et 2012, il aurait gagné près de 3 millions d’euros comme banquier d’affaires.

Un pied dans la politique dès 2010

Tout en menant sa carrière dans la finance, Emmanuel Macron garde un œil sur la politique. En 2010, il apporte son soutien à la Société des rédacteurs du Monde pour éviter un rachat du journal par le groupe Prisa.

Il fréquente aussi les milieux de la « deuxième gauche », héritière de Michel Rocard. Un positionnement social-libéral en phase avec sa pensée. En 2006, il adhère brièvement au Parti Socialiste.

Son vrai déclic politique, c’est sa rencontre avec François Hollande en 2006 par l’entremise de Jean-Pierre Jouyet. Il se rapproche du futur président, dont il integrera l’équipe de campagne en 2011 au sein du groupe de la Rotonde.

L’entrée à l’Élysée en 2012

Avec l’élection de François Hollande en mai 2012, Emmanuel Macron quitte la finance pour le cœur du pouvoir. Le nouveau président le nomme secrétaire général adjoint de l’Élysée.

À ce poste stratégique, il seconde Pierre-René Lemas et gère les dossiers économiques, financiers et industriels. Un rôle de l’ombre qui le place au centre du jeu et où il gagne la confiance de François Hollande.

Très vite, il se démarque par ses positions libérales et son côté « techno ». Il pousse des réformes pro-business comme le CICE ou le pacte de responsabilité. Un positionnement qui crée des tensions avec l’aile gauche du pouvoir.

Certains ministres comme Arnaud Montebourg ne cachent pas leur agacement face à ce jeune conseiller très influent. La carrière politique d’Emmanuel Macron ne fait que commencer…

🇫🇷 Ministre de l’Économie puis candidat à l’Élysée

Après 2 ans dans l’ombre élyséenne, Emmanuel Macron passe la vitesse supérieure. En août 2014, à la surprise générale, il est nommé ministre de l’Économie à seulement 36 ans.

Le plus jeune ministre de l’Économie

Pour remplacer Arnaud Montebourg, François Hollande choisit Emmanuel Macron. Un choix iconoclaste et une véritable consécration pour ce jeune technocrate qui n’a jamais été élu.

Rue de Bercy, il incarne un virage social-libéral malgré les réticences des frondeurs du PS. Il porte des réformes audacieuses comme la loi qui porte son nom (loi Macron) et qui vise à « libérer l’économie française ».

Les réformes du ministre bousculent : extension du travail du dimanche, libéralisation du transport par autocar, ouverture des professions réglementées… Un programme qui crée des remous à gauche.

Durant son ministère, Emmanuel Macron se forge une stature internationale. Il noue des relations étroites avec des leaders étrangers comme Angela Merkel et se rend régulièrement au Forum économique mondial de Davos.

La création d’En Marche! et la démission du gouvernement

Ambitieux, Emmanuel Macron veut aller plus loin. En avril 2016, il crée son propre mouvement politique, « En Marche! », un parti « ni de droite ni de gauche » censé « révolutionner » la politique.

Cette initiative irrite au gouvernement et à l’Élysée. On reproche au ministre son populisme et ses ambitions personnelles alors que François Hollande envisage de se représenter en 2017.

Après avoir plusieurs fois menacé de démissionner, Emmanuel Macron quitte finalement le gouvernement le 30 août 2016. Une décision motivée par son désaccord avec la politique de François Hollande jugée trop attentiste.

Libéré de son devoir de réserve, il lance sa campagne pour 2017 et publie son livre programme « Révolution ». En novembre 2016, il annonce officiellement sa candidature à l’élection présidentielle.

Un candidat atypique et déterminé

Emmanuel Macron aborde cette élection en homme libre. Sans parti traditionnel, il mise sur le « dégagisme » ambiant et la volonté de renouveau démocratique des citoyens.

Son positionnement « et de droite, et de gauche » brouille les lignes politiques et séduit un électorat de centre-droit et de centre-gauche. Un « en même temps » qui fera sa marque de fabrique.

Sa campagne dynamique mobilise des milliers de bénévoles et suscite l’enthousiasme des foules lors de meetings géants. Son programme liberal mêle des mesures de gauche (aide aux plus modestes) et de droite (assouplissement du droit du travail).

Il bénéficie aussi de circonstances favorables : la chute de François Fillon plombé par le Penelopegate et l’effondrement du PS incarné par un Benoît Hamon peu convaincant. Tout est en place pour un destin présidentiel.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *